Boy scout !
Et ça c'est pas du sport ?
Pour dire la stricte vérité, je n'étais pas scout mais Coeur Vaillant, une organisation dans le même esprit que celle fondée par Baden Powel, mais très franchouillarde à légère tendance militaro-catho sans le facho qui aurait pu y prendre racine, mais je n'étais pas à même de juger à l'époque ces subtilités apparues un peu plus tard avec le recul, au regard d'une guerre encore récente où avaient pu fleurir les chemises brunes et leurs sinistres avatars.
Toujours est-il que nous étions embrigadés par sections selon les âges : Coeurs d'or pour les plus jeunes, Ardents les pré-ados, Entraineurs les ados et enfin les Compagnons, grands dadets promis au séminaire pour certains et qui secondaient les dirigeants, adultes bénévoles parmi lesquels 2 prêtres, les abbés Cordier et Plomet, de braves types si mes souvenirs sont bons.
Cela se passait tous les jeudis, au "patronage St Camille", tout proche de la maison à Paris dans le XIIème, une sorte de centre aéré de l'époque : selon le temps, nous allions en rangs au bois de Vincennes voisin pour des jeux plus ou moins guerriers type cowboys et indiens ou attaque d'un fortin imaginaire avec bataille de foulard, puis retour toujours en rangs, en chantant des chants de marche plutôt virils ; C'est nous les petits gars de France ... ou Vive la 2ème D.B.(Division Blindée du général Leclerc entrée glorieusement en libératrice dans Strasbourg quelques années auparavant, le 23 novembre 44).
Bonus après ces sorties épiques : un car de coco pour se désaltérer et projection d'un Tintin et Milou en images noir et blanc, ancêtre des diapos ou, parfois, récompense suprême, un film de Charlot ou un Laurel et Hardy, assis par terre dans le local.
Sur la photo, j'ai 15 ans et participe à un camp de formation dans les environs de Paris pour devenir moniteur de colo dès mes 16 printemps ; conditions de vie spartiates, sous tente, cuisine au bois et toilette de chat dans un ruisseau ; à chacun son tour, corvée d'eau avec la vache à eau en toile et un copain pour l'immortaliser avec mon tout premier appareil photo, un Ultrafex.
Camp St Maurice : la corvée d'eau - Paques 1955
Là, j'ai pris du galon ! Je suis donc moniteur dans une colo de "curés", label Coeurs Vaillants, à Langeac en Haute Loire. Mon projet de devenir instituteur trouve auprès des enfants une nouvelle raison de vouloir entrer dans l'enseignement. Malheureusement ce rêve ne se réalisera pas lorsque, 2 ans plus tard, je ne réussirai pas au concours d'entrée à l' Ecole Normale de Toulouse.
En grande tenue au fort de Polignac près du Puy - Colo de Langeac 1956
Le goûter avec mon équipe de "Coeurs d'Or" - Colo de Langeac 1956
Ah qu'elles étaient belles mes chaussettes !
Exit les Coeurs vaillants et un saut dans le temps.
Eté 58, je suis à Toulouse et je participe comme moniteur à la colo de la paroisse Ste Germaine, à Argein dans l'Ariège près de St Girons, sur la route des grands cols pyrénéens. Locaux très rustiques, nature amgnifique et enfants adorables qui ont pleuré lorsque il a fallu se quitter.
C'était aussi mes dernières vacances : en septembre, j'entrais à l'Ecole Hôtelière pour 3 années d'études non stop avec stage pratique chaque été : salle, cuisine et réception.