Explication d'images
C'était un vide-greniers comme tant d'autres, celui-là installé sur le plateau de Ventabren ; soleil, foule, frites et merguez, les ingrédients classiques d'un brassage humain, de couleurs, d'odeurs et de bruits alimentés par une sono défectueuse et criarde, autour des ramassis hétéroclites d'objets sortis des placards, des garages, des cabanons, probablement peu de véritables greniers, mais peu importe !
La possibilité de faire des images est foisonnante, à condition de se montrer discret et d'aimer jouer avec les longues focales. Un temps, j'ai privilégié les objets qui s'offraient par milliers, dans leur "jus" et qui ne posaient en général pas de problème de droit à l'image avec leurs propriétaire. Plus délicat et risqué, mais excitant, les portraits saisis au hasard ou parfois prémédités seront désormais mes cibles dans ces rassemblements populaires, riches en personnages comme je les aime dans leur naturel, parfois ridicule, souvant touchant,
Pourquoi, "explication d'images" ?
Depuis l'année dernière, j'assiste à des réunions de mordus de la photographie, animées par un super mordu, le photographe Bernard Gairaud, qui fait commenter lors de chaque soirée à thème une vingtaine de photographies plus ou moins emblématiques de l'histoire de cette pratique devenue art à part entière.
Présomptueux, l'idée m'est venue de commenter, dans le même esprit, certaines de mes propres photos, non icôniques celles-là ..., et de proposer à mes visiteurs d'exprimer à leur tour leurs propres critiques même si mon égo ait à en souffrir... La différence sera que je situerai très exactement le contexte dans lequel sera pris chaque cliché avec éventuellement des précisions techniques qui plairont sans doute aux techniciens de l'image.
Je vais présenter 12 clichés dans leur ordre chronologique, sélectionnés parmi 40, pris pendant un balade d'environ 1h30.
Photo à l'arrache, c'est à dire pas le temps de réfléchir, prise entre 2 chalands qui passent dont celui de droite qui a fait une énorme tâche blanche que j'ai maquillée ; est-ce la bonne solution ? Mais je ne veux pas ignorer et cacher cette image qui m'a révélé à l'écran la présence d'un autre postérieur, symétrique en opposition, qui fait tout le sel de cette scène. Cela confirme ce que beaucoup de photographes m'ont déjà dit, que des photos revèlent parfois à l'examen un élément insoupçonné à la prise de vue qui lui donne une indéniable valeur ajoutée et même parfois déterminante.
Pas d'exposition publique possible à cause de la tâche rédhibitoire et un certain risque si la dame se découvre ainsi en situation de sumo ... féminin !
F/10 - 1/125" - 170mm - ISO 200 - N/REC (non recadré)
Farfouiller est inscrit dans les gènes de la femme, toutes origines et convictions confondues ; dans les vide-greniers comme dans les braderies et autres soldes, les occasions de faire de bonnes affaires déclanchent une frénésie très photogénique !
La femme voilée que je surveille depuis un moment vient participer au festin, cadrée dans la "lucarne" comme on dit au football, un peu à l'écart des autres farfouilleuses indifférentes.
Oui, il y a des surexpositions que le RAW aurait atténuées, c'est mon petit (ou gros) défaut de ne pas utiliser l'image brute de capteur ; je pense que je vais l'utiliser ponctuellement lorsqu'il est prévisible que les hautes lumières risquent de gâcher un cliché par ailleurs intéressant.
F/10 - 1/125" - 170mm - ISO 200 - N/REC
Rien d'extraordinaire dans cette photo, sinon d'être l'archétype de ce que l'on peut trouver dans un vide-greniers, un bric-à-brac plus ou moins organisé par des participants de toutes conditions qui se débarrassent du superflu qui les encombre, par amusement pour certains, par nécessité économique pour d'autres ; cette femme va passer son dimanche en plein cagnard pour essayer de vendre le peu qu'elle a installé sur une table de cuisine tout en lisant, pour tuer le temps, les aventures de Clémence Malchance ...
F/16 - 1/125" - 190mm - ISO 200 - N/REC
Les personnes originaires du maghreb sont nombreuses à fréquenter les vides-greniers, car c'est dans leur culture que d'acheter dans les marchés et aussi de chiner et surtout de marchander, pratique courante sinon obligatoire dans ces pays. Ces deux-là, ne semblent pas se connaître bien que la plus jeune, au second plan, semble suivre et surveiller ce que regarde cette aînée.
F/13 - 1/125" - 155mm - ISO 200 - N/REC.
Pour Patrick d'Andrea a un personnage fétiche qu'il emmène dans tous ses déplacements ; lui porte-t-il chance ? Je ne lui ai rien demandé, sauf la permisson de photographier sa mascotte, une manière de l'emporter avec moi et de bénéficier éventuellement de ses bons offices ...
Très avenant, Patrick est un grand amateur d'apppareils anciens, dont un belle collection d'appareils de prises de vues stéréoscopiques au mileu desquels pose le rigolo petit reporter . Disponibles en plusieurs formats, en d'auutres temps j'aurais bien cassé ma tirelire pour un double 24x36, une fantaisie quand on sait que les mises au point sont plus que délicates (film diapositives) et les visionneuses adaptées hors de prix, sans parler du mode projection !
Cette photo est intéressante dans la mesure où le parasol orange m'interpelle depuis un moment ; posté à l'écart, à l'ombre des arbres dernière des stands, j'attends qu'il se passe quelque chose devant cet arrière-plan inespéré ; cette mère avec son enfant, soucieuse, triste même et qui ne semble pas concernée par le monde qui l'entoure, contraste avec la famille qui semble conclure un achat derrière elle ; honnêtrement je ne vois rien de plus à dire, excepté un léger recadrage, passant du ration 1.5 à 1.33 qui a rogné la partie droite du cliché, vide donc sans intérêt.
Dans le commentaire, il ne faut pas aller au-delà de ce que le photographe a réellement vu et ressenti au moment de la prise de vue ; c'est aussi vrai dans les commentaires de texte dont je me souviens sans nostalgie, où l'on décortiquait et creusait sans fin dans les phrases et les mots, parfois très au-delà de ce qu'avait pu imaginer et voulu exprimer l'auteur.
F/20 - 1/125" - 110mm - ISO 200 - REC.
Que n'ai-je aperçu plus tôt ce chapeau d'un rose flamboyant ! Encore faut-il que sa propriétaire veuille bien "s'encadrer" comme je le souhaite ; elle tourne et vire autour du portant surchargé de nippes qu'elle ausculte méticuleusement ; trois cilchés dont deux de profil et sous ex, le troisième est le bon ! Elle n'achète rien et disparaît aussitôt.
Recadrage avec poignée haute/gauche pour limiter la surface surexposée et les feuillages.
F/5,6 - 1/125" - 130mm - ISO 200 - REC.
Les voilées abondent et, hors de toutes autres considérations, ce n'est pas pour me déplaire, ces étoffes colorées offrant une esthétique photographiquement intéressante lorsqu'elles sont portées avec naturel et sans ostentation. Captation à l'arrache de ces deux profils orientés vers le même objet ; harmanie des attitudes, des expressions, des couleurs unies, probablement une mère et sa fille.
Cadrage d'origine serré, à peine recadré à droite pour éliminer un intrus.
F/25 - 1/125" - 170mm - ISO 200 - REC.
Habituellement, on associe le petit chien à une "mémère", le petit chien est à sa mémère dans l'inconscient des gens et spécifiquement de certain-e-s photographes de mes connaissances.
Apparemment, les jambes de cette jeune personne contredisent le cliché et cela m'est facile de l'immortaliser même si je suis un peu loin de la scène ; à l'examen, la maîtresse de ce microbe de chien doit mater les BD exposées, peut-être ce rare TINTIN AU PAYS DOGON soigneusement protégé, à moins que ce ne soit le lot de BECASSINE ... je ne le saurai jamais, c'est pas grave !
F/11 - 1/125" - 205mm - ISO 200 - N/REC.
Un véritable dialogue de marchand de tapis, c'est le cas de le dire, à lieu tout près de moi ; les paroles sont à l'avenant de la scène et je dois prendre rapido mon 550D équipé du grand angle pour prendre deux photos ; en paysage elle ne donnera rien, mais en portrait, malgré le poteau, c'est tout bon : le vendeur, bras écartés vente sla qualité de son tapis, soi-disant en soie et qui à mon avis ne vaut pas tripette ; l'acheteur lui, avec sa grimace, ne pense qu'à lui faire baisser le prix, quand à gauche une femme regarde le manège en souriant.
Recadrage à droite avec poignée coin droit/bas pour limiter l'importance de la voiture ; je hais les voitures qui défigurent la plupart des photos, à moins bien sûr qu'elles présentent unl'intérêt en rapport intrinsèque avec le sujet ou la scène photographiés.
F/6,3 - 1/100" - 45mm - ISO 200 - REC.
Une petite dernière pour la route comme on dit ; cette dame qui arrive se révèlera être l'épouse du monsieur avec le petit chien et qui semble comme rassurée de les retrouver, surtout son toutou apparemment ... Un premier cliché alors que la femme est encore loin et la tête du chien me faisant face est floue donc inexploitable ; rien à regretter, car la seconde est une petite scène de vie, ce qui est toujours préférable à la photo "gratuite", ce terme qui définit pour moi l'image qui ne contient aucune synergie, aucune histoire si ténue soit-elle, aucune situation incitant le spectateur de nos images à en faire leur propre interprétation.
Conditions difficiles avec le contre-jour, la bousculade ambiante et un cadrage approximatif avec mon télé au minimum.
F/13 - 1/125" - 75mm - ISO 200 - N/REC.
La même en noir et blanc, au choix.