In memorium
Le soleil ne sied guère à la Toussaint et hier, l'astre a eu le bon goût de respecter la tradition en laissant aux nuages lourds de pluie le soin d'arroser les chysanthèmes et de laver les dalles de marbre ou de pierre de ce vaste jardin du souvenir.
J'ai toujours aimé flaner dans les cimetières, pas nécessairement comme aujourd'hui jour de Toussaint où les fleurs le disputent aux tombes et rend le lieu pimpant, presque gai, mais j'affectionne particulièrement les petits cimetières de campagne, blottis contre l'église comme pour mettre les morts à l'abri près de la maison divine où quelques familles se partagent l'enclos, voisines dans la mort comme dans la vie.
Plaisir morbide ? Certains pourront le considérer ainsi, la mort avec les peurs, les fantasmes, les croyances, les rituels qui s'y sont associés au fil des époques et des sociétés humaines, concourt à rendre tabou ce fait irrémédiable, corollaire de la vie même.
Cimetières, microcosmes posthumes, reflets de notre société, les riches et les pauvres, les connus, les moins connus, les pas du tout connus, les croyants et les incroyants, les prétentieux et les modestes, les grandes familles et les solitaires, des jeunes et les vieux, les fleuris et les abandonnés, les de bon goût et les autres ; tout cela se voit, se lit, se devine sur les pierres, les marbres, les chapelles, les mausolées, concessions, perpétuelles ou non, gardiens temporaires de nos dépouilles.