No sport !
"No sport" ! C'est Sir Winston Chuchill qui aurait prononcé cette sentence définitive, et il aurait pu ajouter "but yes vhisky" !
A l'époque, j'ignorais probablement les goûts et penchants du vieux lion et c'est par conviction personnelle que je considérais le sport comme une activité très accessoire qui ne méritait aucun investissement tant physique que vestimentaire. A l'Ecole Hôtelière, le sport n'était pas une matière prépondérante et le prof d'éducation physique dont je n'ai d'ailleurs gardé le moindre souvenir, c'est un signe, n'insistait jamais pour nous faire participer aux différentes disciplines de l'athlétisme.
Obligation par contre de s'intégrer aux mordus pour les sports collectifs : foot et rugby où j'avais une propension à marquer contre mon camp, ce qui ne me rendait pas indispensable !
Pantalon type fusil à deux coups, un peu trop court, veste en suédine, cravate obligatoire, je n'étais pas l'arbitre des élégances, être à la mode n'était pas mon souci majeur et je n'ai pas le souvenir que mes camarades de promotion fussent bien différents.
Excepté lors des cours de cuisine ou de salle où nous portions les tenues adaptées, les externes dont j'étais ne quittaient la blouse grise que pour rentrer le soir chez eux et je n'ai pas le souvenir que l'on parlât entre nous de mode et a fortiori de look, l'expression ne devait pas encore exister.
Datée aussi de 1959, cette relique légendée au verso "En rang vers le Stadium" suppose contre toute apparence que nous allions à notre cours de sport ; je pense qu'elle a été prise le même jour que la précédente.
De là à dire que je n'ai pratiqué aucun sport serait injuste ; en secondaire, à Paris, chez les Frères des Ecoles Chrétiennes nous allions souvent à la piscine de la Butte aux Cailles dans le 13°, toute proche du collège. Compétitions inter-scolaires dans Paris et périphérie certains jeudis ou samedis et médailles en "chocolat" pour des prouesses dont je n'ai aucune souvenance.
La révélation fut le jour où je reçu en cadeau des lunettes sous-marines, découvrant en piscine la magie des eaux sous la suface bien que ce ne fussent pour tout paysage que le carrelage du bassin et comme poissons les jambes des baigneurs !
En mai 56 sortait le film de Cousteau et Louis Malle, Le monde du silence, seconde révélation pour moi et décision de pratiquer la plongée. C'est à Toulouse, au Club Subaquatique du Languedoc, que je m'initiais en piscine aux rudements nécessaires pour éviter la noyade et ensuite, Collioure à chaque occasion où le club disposait d'une base sommaire dans la calanque de l'Ouille ; lieu paradisiaque, probablement embélli par le souvenir, camping à la dure, eaux limpides et poisson abondant qui constituait d'ailleurs l'essentiel de mes repas !
Deux ans plus tard je récidive, en Espagne, à Rosas sur la Costa Brava ; je suis seul et j'ai pris quelques jours entre la fin des classes à l'Ecole Hôtelière et le stage de cuisine qui m'attend à Biarritz. Je campe près de la plage au bout du villlage, aucun touriste à l'horizon et je serais curieux de revoir l'endroit aujourd'hui, probablement bétonné sur des kilomètres, à l'image de toute cette côte, saccagée à jamais par la folie immobilière des 30 glorieuses espagnoles.
Je m'étais fait deux bons copains espagnols avec qui je plongeais et chassais sur la côte rocheuse vers Cadaquès : je serai en forme pour tenir tout l'été aux fourneaux du Victoria !
Les 3 éphèbes !
Pas tout à fait no sport donc, mais tout à fait no whisky n'en déplaise aux mânes de Sir Winston C.
Post-scriptum : cet article s'inscrit dans la série écolophotographique Faire du neuf avec du (un) vieux.