Rencontres 2012
Les Rencontres ARLES Photographie ont pris un relief particulier cette année avec un battage médiatique inhabituel ; il faut dire qu'une institution locale, l'Ecole Nationale Supérieure de Photographie fête ses 30 années d'existence.
La photographie comtemporaine occupe donc une grande place parmi les 60 expositions pour la plupart proposées par des anciens élèves de l'école, chaperonnés par des commissaires et des professeurs issus eux-même de l'ENSP.
Quelques valeurs sûres de l'argentique moribond surnagent dont l'immense Josef Koudelka et ses Gitans , unique occasion de voir la série complète de ses photographies prises en Roumanie en 1975.
Entre les expos, les occasions de sortir le boîtier ne manquent pas comme au jardin de la Maison de Santé dont Van Gogh peignit voilà plus d'un siècle les mêmes parterres, aujourd'hui reconstitués.
Guillaume Chamahian, photographe, fondateur et directeur des Nuits Photographiques, a placardé sur des murs de la ville huit grands formats de sa série "Bosnia" ; la surprise plus que l'intérêt était perceptible chez les passants ...
Elle s'interroge !
Je me suis interrogé, aussi !
Arnaud Claass
"Intended consequences"
Jonathan Torgovnik - Afrique du Sud
"INTENDED CONSEQUENCES" , conséquences prévisibles, attendues du génocide rwandais de 1994 (800.000 morts en quelques mois). La série de Jonathan Torgovnik présente des portraits de femmes rwandaises et de leurs enfants, nés de violences sexuelles.
Valentine et ses filles Amélie et Inez
Justine avec sa fille Alice
Miss Nutella
Madame Toulemonde n'est pourtant pas n'importe qui puisqu'elle est professeur à l'ENSP à Arles et enseigne donc la photographie, mais à ses heures perdues (pas pour tout le monde ...) madame "observe des flux et étudie des mouvements pour guider le spectateur dans une expérience temporelle oscillant entre suspension et précipitation".
Elle dessine donc au crayon des avions sur papier velin, de l'ébauche à l'avion prêt à voler, soigneusement encadrés : c'est Le monde fluide des formes.
Du fond de la galerie, un lancinant bruit de ressac interpelle les ahuris qui n'auraient pas saisi le sens subliminal de ce monde fluide ; sur un grand écran, passe la vidéo de ce qui semble être un laboratoire qui étudie les effets des vagues, de la houle, contre des obstacls à différentes fréquences ; la relation avec les avions en papier paraît moins évidente qu'elle ne l'eut été avec des petits bateaux ... mais, comme celles du Seigneur, les voies de l'art seront à jamais impénétrables !
Décidément, l'omni présente Ecole Française a fait très fort cette année pour rester à la hauteur de sa réputation !!!
A MONTMAJOUR
Vieux de deux ou trois ans, les fameux" totems" ont la vie dure et bien que l'abbaye ait malheureusement connu de bien pires horreurs au cours des siècles, est-ce une raison pour défigurer, même provisoirement, un tel joyau de l'art roman ?
L'année dernière un élevage de mouches avait les honneurs de la nef ; en 2012, des structures imposantes évoquent des habitats du futur en condition de survie si toutefois j'ai bien saisi le charabia de la présentation ; la nef et les deux absides sont occupées par des volumes blancs dont celui-ci, assez proche d'un igloo inuit ; erreur manifeste du commissaire de l'exposition qui confond photographie et architecture ou dérive totale destinée à faire fuir le public des Rencontres ?
L'abbaye de Montmajour, Xe siècle, dédiée à Saint-Pierre, a été construite sur un promontaire rocheux au milieu des marais au nord-est d'Arles. Au cours des âges, les moines ont utilisé la roche qui affleure à l'est de l'église pour y creuser leurs tombes ; les dalles funéraires qui les fermaient ont depuis longtemps disparu, emportant peut-être avec elles les noms des occupants.