Rencontres "in black"
L'occasion est trop belle et c'est Arles qui nous l'offre après un cru 2012 assez décevant.
Le "black" appelle forcément le "white" s'il faut sacrifier à la mode qui use et abuse des anglicismes, comme si le français n'était pas assez riche ... mais passons !
Le monochrome est très exigeant puisque le photographe doit plaire, intéresser, émouvoir par la seule force de ses images, les formes qui se présentent à lui ou qu'il recherche et la lumière dont il dispose seront ses seules armes pour compenser ce handicap de "peindre" sans les couleurs qui parent toutes choses, sa palette ne s'étalant que du noir absolu au blanc immaculé.
Et ce fut ainsi depuis l'aube de la photographie jusque dans les années cinquante quand la démocratisation d'appareils modernes et les pellicules couleur performantes mirent en sommeil de bon vieux noir et blanc ; sachons reconnaître le mérite de nos anciens, grands ou méconnus, qui ont laissé tant de chefs-d'oeuvre captés par un matériel archaïque et traités dans une chimie artisanale.
Juste retour des choses, mes déambulations arlésiennes seront cette année toutes de noir et blanc vêtues, un vrai sabordage de couleurs rutilantes mais un hommage aux Larrain, Lartigue et autres Garcin rencontrés ici grâce à des oeuvres qui nous disent tant de choses avec si peu de moyens.
Cette année, j'avais décidé de ne bloguer que mes propres photos, même si certaines apparaissent, en situation, confrontées au regard de quidams qui ressentent probablement les mêmes émotions ou déceptions que moi-même. Exception pour le témoignage social du photographe Jean-Louis Courtinat, qui "résume trente années d'engagement auprès des personnes qui, en marge de notre société, se trouvent dans la pire des situations pour se défendre".
J'ai choisi ces deux destins de femmes qui ont accepté, parmi d'autres tout aussi émouvants, de raconter et d'exposer leur déchéance au photographe ; le noir n'est-il pas la couleur qui sied le mieux à la misère ?
Ces baudruches sur la façade du musée Réattu sont censées évoquer des nuages, thème de l'exposition actuellement au musée jusqu'au 31 octobre.
D'après le catalogue, quelques photos en noir et blanc y seraient présentées, hors Rencontres, parmi installations, peintures, dessins et autres facéties à la mode contemporaine ...
SOUPE PRIMORDIALE, B, 2010
Tirage jet d'encre sur papier, pinces
300 x 450cm
ARGENT 95, 2012
C.Print monté sur Dibond dans un cadre d'artiste
237 x 181 x 6cm