Un jour, une photo 18

Publié le par Alain tout simplement

 

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Cette photo de Doisneau,  prise à Paris, m'a depuis longtemps rappelé le grand terrain vague que je traversais avec des copains pour aller au cathéchisme à l'église du St Esprit  ou à la salle de gym avenue Daumesnil dans le XII° ; à la charnière des années 40 et 50, la capitale rasait certains secteurs insalubres de l'est parisien, créant parfois pour des années, ces espaces à l'abandon décrits par Cavanna dans le livre Doisneau Cavanna Les doigts pleins d'encre :"Des fois, ils démolissent des maison, et puis ils ne reconstruisent pas tout de suite de nouvelles maisons, va savoir pourquoi. Ca fait que tout ce coin-là reste vide, avec des tas de briques et de gravats qui étaient les maisons d'avant et des trous qui étaient des caves. Un terrain vague ça s'appelle."

Il y parle aussi des herbasses qui y poussent, des chats qui y prolifèrent, des tétards dans les trous d'eau pourrie, des vieilles cuisinières, des carcasses de vélos et de vieilles voitures " des meules avec plus rien dessus, nous on s'en fait des cabanes."

Je me souviens parfaitement d'une vieille voiture comme celle de la photo avec laquelle nous jouions comme ces mômes en culotte courte ; sur ce terrain vague, il avait aussi les vestiges de notre cinéma de quartier,le Kursall, dont les antiques sièges en bois, encore fixés au sol, n'avaient même pas été récupérés ; de cette salle, immense à mes yeux de bambin ébloui par les blockbusters de l'époque, ne restait que cet espace ridicule avec ses rangées de fauteuils déglingués ; avec le recul, j'imagine la photo qu'aurait pu en faire, un Ronis, un Boubat, un Cartier-Bresson ou un Doisneau passant par-là !

 

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