Volé ... ou posé le Baiser ?

Publié le par Alain tout simplement

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  "Le Baiser de l'hôtel de ville" - Paris 1950

 

On pourrait dire que dans le fameux trio parmi les humanistes français de la photographie, Doisneau, Ronis et Boubat, notre Robert aura vite compris ce qu'il fallait faire pour atteindre rapidement la renommée mondiale qu'il a connue très tôt. 

Je n'avais pas été le seul à être très étonné  en apprenant ,en 1993, que la cour d'appel de Paris confirmait un jugement du 2 juin 1993 par lequel le Tribunal de Paris avait débouté les époux Lavergne soutenant être les sujets principaux de cette photographie réalisée en 1950 et qui mettait ainsi un terme à quatre années de procédure.

Denise et Jean-Louis Lavergne, imprimeurs à Vitry, avaient décidé en 1992, 42 ans après le fameux déclic, de réclamer 500.000 F de dommages-intérêts, affirmant s'être reconnus sur ce cliché en produisant une expertise morphologique et avoir été pris à leur insu.

Bien que jugé innocent pour cette atteinte au droit à l'image, notre Robert risquait de ne pas en avoir fini avec ce "Baiser de l'hôtel de ville" qui, édité à des centaines de milliers d'exemplaires pouvait susciter quelques convoitises ...

Une certaine Françoise Bornet, comédienne, soutenait une autre thèse qui devait ébranler beaucoup d'admirateurs de Doisneau : elle avait été choisie, avec son amoureux, par le photographe, alors qu'elle était élève comédienne au cours Simon ; en clair, l'image que tout le monde croyait sincère et spontanée avait été "posée". Une idée qui paraissait inconcevable aux yeux de beaucoup, tant les sujets du "pêcheur d'images" qu'était Doisneau semblaient pris sur le vif.

Mais aucune procédure n'est intentée au photographe sur cet aspect moins glorieux du fameux "Baiser", bien que le jugement du 2 juin 1993 expliquât que la photo en question n'était pas le résultat d'un cliché pris au hasard, mais d'une mise en scène qui avait nécessité l'intervention de figurants. En fait, le magazine américain Lifeavait commandé à Doisneau en 1950 un reportage sur les amoureux de Paris ! Cette "affaire" laissera pour beaucoup planer un doute quant à l'honnêté  artistique, dorénavant supposée, de l'une des icônes" mondiales de la photographie.

Concernant Doisneau, il y aura pour ma part et à jamais un avant et un après 2 juin 1993, l'authenticité demeurant à mes yeux la valeur fondamentale d'un instantané  de la vie qui engage l'honnêté et la signature du photographe qui se respecte et se doit de respecter les autres.

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