We Can Do It !

  Avant le fameux "Yes we can" du candidat Barack 0bama en janvier 2008 aux primaires du New Hampshire, une autre formule volontariste fut le fait d'un graphiste et artiste américain, J.Howard Miller (1918-2004) a qui la Sté Westinghouse avait commandé en 1942 une série de posters à placarder dans ses usines pour inciter les personnels à participer, grâce à une productivité maximum,à l'effort de guerre consenti par la Nation suite à l'attaque surprise et à l'anéantissement d'une partie de la flotte du Pacifique dans la rade de Pearl Harbour par l'aviation japonaise le 7 décembre 1941.

Début 43 Miller livre donc son travail qui est accepté et les posters sont placés dans les usines et locaux de la compagnie pendant une quinzaine de jours.

L'histoire dit qu'il se serait inspiré du portrait d'une ouvrière, Géraldine Hoff Doyle, dans une posture de défit très machiste en montrant son biceps et prouver ainsi que les femmes sont tout aussi capables de travailler dur que les hommes.

Et puis, cette véritable icône populaire fut baptisée à tort "Rosie the Riveter", Rosie la riveteuse qui était en fait le nom donné à une autre image de la même veine, concue par un certain Norman Rockwell et qui a fait fin mai 1943 la couverture du Saturday Evening Post. On y voit effectivement une ouvrière assise en train de manger un sandwich, avec sur les genoux une riveteuse pneumatique, piétinant un exemplaire du Mein Kampf d'Adolf Hitler ; on distingue son prénom, Rosie, et la bannière étoilée en toile de fond ; noter son geste très proche de celui de Géraldine Doyle et il est possible que Rockwell n'ait pas voulu plagier l'oeuvre antérieure et déjà fort connue de Miller. Pour la petite histoire, le modèle de cette Rosie se nommait Shirley Karp Dick, payée 6 dollars pour sa prestation.

Toujours est-il, et c'est peut-être justice, que c'est le We Can Do It de Miller qui est passé à la postérité pour la plus grande joie, teintée de fierté, des féministes de tout poil.

    

                J.Howard Miller (1942)                                                                                                         Norman Rockwell (1943)

                                                                                                               

                                                                                                                        Pénélope Bagieu (2011)

Féministe : nom commun, masculin ou féminin : " Personne qui fait partie d'un mouvement qui lutte en faveur de la défense des droits fondamentaux des femmes".  

Je ne suis pas un militant actif de la cause féministe au sens où l'entendent les mouvements tels La Barbe, Osez le féminisme, "Causette" le magazine,  mais me considère féministe par simple conviction personnelle face aux injustices et aux vexations récurrentes dans tous les domaines de la vie qui gâchent le quotidien de tant et tant de femmes.

Le "We Can Do It" date de la dernière guerre mondiale aux Etats Unis. L'Europe a aussi connu cette propagande pendant la Grande Guerre lorsque les hommes, agriculteurs et ouvriers pour la plupart, se battaient dans les tranchées, remplacés aux champs, dans les usines et au bureau par les femmes. Oui, elles purent déjà démontrer leurs qualités physiques et intellectuelles en assumant les tâches et les fonctions dévolues jusqu'alors aux hommes : les productions industrielles et vivrières furent ainsi assurées pendant les 4 longues années de souffrances et de sacrifices imposées par la seule folie des hommes.

Le droit de vote des femmes : les premières revendications apparaîssent au milieu du XIXe siècle  en occident, mais ce n'est qu'en 1919 que les suédoises accèdent les premières à ce droit fondamental. De nombreux pays dans le monde l'accorderont à leur tour ; en Europe, les Allemandes en 1918, les Britanniques en 1928 et les Françaises, au pays des droits de l'homme, initié par le général de Gaulle par l' ordonnace du 21 avril 1944 et effectif pour les élections municipales du 20 avril 1945, suivies le 21 octobre des élections pour l'assemblée constituante.

Enfin les Belges en 1948, les Suisses en 1971 et les Portugaises en 1974.

En France, la journaliste Louise Weiss, figure emblématique de cette revendication, tente de renouveler le répertoire de l'action des féministes en s'inspirant des suffragettes britanniques au travers de son mouvement "Femme nouvelle".

Noter toutefois la présence de 3 femmes sous-secrétaires d'état dans le gouvernement du Front Populaire, dont Irène Joliot-Curie, mais non éligibles, ni électrices !

                                 Manifestation de suffragettes à Paris vers 1930

Simone de Beauvoir et "le Deuxième sexe", essai qu'elle publie en 1949, véritable manifeste fondateur des mouvements féministes du monde entier dans lequel elle prône l'émancipation de la femme uniquement possible par l'acquisition de son indépendance ; elle dénonce aussi une société qui aliène la gent féminine de laquelle il faut se soustraire pour recouvrer la liberté.

D'après elle "on ne naît pas femme, on le devient".